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2018-05-15 Le Testament de sainte Claire, conférence donnée par soeur Marie-Bénédicte (écho de la conférence)

Les Clarisses de toutes les époques n’ont cessé de lire et de relire un corpus de textes fondateurs pour la vie clarienne, constitué de la Règle de sainte Claire, du Testament de sainte Claire (et de la Bénédiction qui prolonge ce texte) et du "Privilège de Pauvreté" accordé par la Pape à Claire à la fin de sa vie. Ces quatre textes sont en quelque sorte comme le testament spirituel (au sens large) de Claire. Importance de ce Testament auquel on tient à se référer à chaque génération comme à une source !

C’est devant un public intéressé que soeur Marie Bénédicte nous a présenté les résultats de son travail  :
A partir de documents précieux rédigés en vieux français, comportant à la fois des manuscrits et des imprimés, auxquels elle a pu avoir accès, notamment à partir du fonds de la Bibliothèque franciscaine (mais pas uniquement), soeur Marie Bénédicte s’est intéressée à la transmission de cet héritage, depuis la période de sainte Colette jusqu’à la révolution française.
Soeur Marie Bénédicte a pu analyser ainsi 24 versions du Testament de Claire.
Par les filiations qu’elle a pu mettre en évidence dans les évolutions de certaines expressions contenues dans ces documents, il lui est apparu que trois familles pouvaient être distinguées à l’intérieur de ces 24 versions :
- Les fondations de sainte Colette : Aigueperse (XV°), Dinan (1482), Le Puy (XIV°), Poligny (XVI°), Amiens (copie 1892 de l’incunable), Moulins (XVIII°), Pont-à-Mousson (1739), Nantes (1647), Besançon (1714), Lyon (1741)
- la région du Nord : Capucines de Paris et Amiens (1619), Saint Omer (1630 et 1650), Reims (1652), Amiens (1657), Rouen (1681), Cambrai (1869)
- le groupe de l’Ave Maria : Albi (1529), Paris (XVII°), Toulouse-Saint-Cyprien (1726), Alençon (1733), Avignon (1665), Béziers (1705)

Elle a d’abord constaté une différence dans cette transmission entre les documents manuscrits et les "imprimés". Pour les manuscrits, les copistes essayent de copier, en général, au plus près de l’original. Pour les imprimés, il y a une recherche plus souple d’adaptation à la situation culturelle de l’époque.
Une constante cependant : on est en présence d’une "fidélité active" qui se traduit par une appropriation du texte en fonction de la sensibilité du copiste (et de la copiste : cela peut être en effet une soeur), de l’environnement et du voisinage du Monastère en tenant compte également de l’évolution du langage.
On assiste ainsi, entre Claire et les clarisses d’aujourd’hui, à une transmission à travers la foi vécue à l’intérieur des Monastères au cours des siècles !
Soeur Marie Bénédicte a tenu à rendre un vibrant hommage à toutes ces soeurs qui se sont données de la peine pour transmettre ainsi ces textes fondateurs, et qui s’en sont nourri dans leur chemin de foi et de communion au charisme de Claire.
A travers la comparaison de toutes ces versions, se perçoit ainsi l’évolution d’une manière de vivre qui s’incarne à chaque génération, et la ténacité de ces femmes à garder et à transmettre, dans le sillage de sainte Claire, l’amour de Jésus humble et pauvre !