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2015-05-29 - La voie de la ressemblance chez saint Bonaventure, à l’occasion de la parution du livre de Laure Solignac

Un public nombreux est venu à la table ronde, animée par Pierre Moracchini et organisée à l’occasion de la parution récente du livre de Laure Solignac : "La voie de la ressemblance, Itinéraire dans la pensée de saint Bonaventure" aux Editions Hermann, avec une préface d’Olivier Boulnois.
Cet ouvrage de Laure Solignac est une adaptation de sa thèse de doctorat en philosophie soutenue en février 2011.
Il faut dire que la soirée promettait d’être intéressante, avec une confrontation "musclée" de Laure Solignac avec frère Luc Mathieu, ofm et frère Thierry-Dominique Humbrecht, op !
Ce fut non pas seulement intéressant, mais... tout à fait passionnant !
En faisant preuve d’une grande clarté, les trois intervenants, s’appuyant sur le fil conducteur du concept de "ressemblance" nous ont plongés dans la pensée de saint Bonaventure, et dans une analyse comparée de Thomas d’Aquin et de Bonaventure.

En finale, Pierre Moracchini a présenté le livre récent de Thierry-Dominique Humbrecht, "Eloge de l’action politique", paru aux Editions Parole et Silence, et l’article écrit par Laure Solignac et Emmanuel Falque dans le dernier numéro d’Etudes Franciscaines, "Penser en franciscain".

Pour aller plus loin, nous vous proposons d’écouter en ligne toutes les interventions de cette soirée.


Quant à l’actualité de saint Bonaventure, Laure Solignac a relevé deux questions qui lui paraissent essentielles  :
- Tout d’abord ce fameux concept de "minorité" dont Bonaventure est, semble-t-il, l’inventeur. Parler de la minorité, c’est une autre manière de parler de la ressemblance. La minorité, c’est "être plus petit que", c’est-à-dire, "être à la ressemblance d’un autre", autrement dit "être l’enfant de quelqu’un" ! Evidemment, cela va désigner l’état du fils à l’égard du père. Et puis cela va concerner l’état dans lequel l’homme est placé, et doit se placer volontairement au cours de sa vie pour vivre véritablement, non seulement en chrétien, mais en homme. Pour Bonaventure, pour que le retour de toute la Création à Dieu puisse se produire, il faut que l’homme accepte cet état de minorité ou d’enfance dans lequel il est placé. Or quand on voit comment on insiste constamment dans notre société sur l’autonomie, sur l’indépendance, on s’aperçoit qu’il y a tout un travail collectif à entreprendre pour intégrer le fait que la dépendance n’est pas une malédiction ! C’est un grand chantier que Bonaventure ouvre devant nous : qu’est-ce qu’on a fait de la minorité ? qu’est-ce qu’on a fait de la ressemblance ? Non seulement chez les franciscains qui sont les gardiens de la vie de ce concept, mais plus généralement dans notre société ? Aujourd’hui, ne sommes-nous pas à un moment où il faut interroger à nouveau cette notion de minorité : parce qu’on en a étalé tous les aspects négatifs, peut-être est-il temps aujourd’hui d’en retrouver un certain nombre d’aspects positifs ? Cela pourrait apporter du sang nouveau pour le lien social, les projets politiques, etc...

- La deuxième question : c’est ce qui pourrait s’appeler "la finitude de la naissance". La contemplation, et même une certaine fascination pour la naissance et pour l’enfance, si prégnantes dans l’expérience franciscaine, sont un trésor pour penser autrement la finitude humaine, trop souvent considérée, dans la pensée contemporaine, comme une finitude de la mort et de l’horizon bouché : "l’être pour la mort" de Heidegger. Or il y a une finitude plus importante pour Bonaventure : c’est la finitude de la naissance. Un homme, ce n’est pas d’abord quelqu’un qui est pour la mort, mais quelqu’un qui est né !. Pour un chrétien, c’est particulièrement vrai, car il croit à la résurrection. La mort n’est donc pas l’essentiel de la finitude humaine. L’essentiel de la finitude humaine, c’est le fait d’être radicalement second par rapport à un Premier, c’est d’être radicalement dépendant de Quelqu’un pour exister. Il y a tout un chantier philosophique à explorer autour de cette question de l’enfance, du phénomène de la naissance et de la vie en général !