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2014-10-09 Francisco de Zurbaran, peintre de St François, par Madame Odile Delenda, historienne de l’art

Spécialiste internationalement reconnue du peintre Francisco de Zurbaran (1598-1664), Odile Delenda a fait découvrir à un public extrêmement nombreux et enthousiaste, l’importance de François d’Assise dans l’oeuvre de ce maître du Siècle d’or espagnol.

En effet, l’un des thèmes iconographiques les plus reproduits par Francisco de Zurbaran tout au long de sa carrière est bien celui de François d’Assise, pour lequel il a reçu de nombreuses commandes.
On connaît une cinquantaine de versions de la figure du Poverello d’Assise, parmi les originaux du peintre, les copies ou les interprétations de son atelier. Le peintre représenta, avec différentes attitudes, Saint François seul en prière ou en extase.

Entre toutes, on remarquera l’impressionnant Saint François en extase de la National Gallery de Londres ou le sombre Saint François mort dans son tombeau du Musée des Beaux-Arts de Lyon, dont il existe de nombreuses répliques.

Le saint d’Assise est représenté aussi comme créateur des frères mineurs dans les différentes séries des Fondateurs d’Ordres sorties de l’atelier de Séville de Zurbaran.

Des multiples peintures du Saint le plus représenté par Zurbaran, seulement trois sont datées. En 1632, le jeune peintre signe une version particulièrement sombre d’un Saint François en méditation, un ascète encapuchonné, à genoux et absorbé en prière devant un crane (Musée des Beaux Arts de Buenos Aires).
Quelques années plus tard, en 1639, au sommet de sa carrière, il signe une autre toile plus grande du même sujet : un autre St François en méditation conservé aussi à la National Gallery. Cette oeuvre du Musée londonien est l’une des meilleures interprétation du dialogue spirituel entre le Poverello et son Créateur invisible et pourtant présent dans une expression mystique très réussie. 20 ans plus tard, l’artiste dans sa maturité signe, en 1659, le Saint François en prière de la collection Arango.

La partie la plus connue de la carrière du peintre se déroule presque exclusivement dans son atelier de Séville, ville où il s’installa en 1629. Pendant quelques mois en 1634, un court séjour à Corte lui permis de participer à la décoration de nouveau palais de Buen Retiro.

A peine était-il arrivé à Séville, en 1629, les Frères Mineurs de l’Observance de la Grande Maison de St François de la capitale andalouse, lui commandèrent quatre grandes toiles pour la décoration de l’église de leur collège de Saint Bonaventure.
Dans les nombreuses représentations du saint fondateur, l’artiste fit alors porter à St François l’habit spécifique de chacune des branches de la famille franciscaine : Observants, Capucins, "Alcantarinos", ou Récollets déchaussés, les plus présents en Espagne ainsi que dans les colonies d’Amérique. Par exemple, le Saint François de Lyon porte la tunique marron foncé et la capuche avec la cape des conventuels observants, alors que celui de Buenos Aires est vêtu de l’habit avec la capuche très pointue des Capucins. Le St François en prière de Londres avec son habit très grossier, fait de rapiéçages, aurait été probablement peint pour une communauté de Récollets réformés.

A la fin du XVIéme siècle, sous l’influence de la Réforme Catholique, le bon et joyeux poète qui savait parler aux oiseaux peint par Giotto et ses contemporains se transforma en un ermite ascète, maigre, avec une peau olivâtre, épuisé par les mortifications et les expériences mystiques. Les Frères mineurs, surtout les réformés, souhaitaient, en effet, que les artistes représentent leur Fondateur comme un exemple de pénitence rigoureuse. Pour cette raison, Zurbaran peigna, dans la première période de sa vie, Saint François sous un aspect très austère.

Mais, dans la dernière partie de sa vie, Zurbaran sut prendre une nouvelle orientation.
En 1658, il déménagea à Madrid jusqu’à sa mort accidentelle en 1664.
Dans cette dernière période, il signa de nombreuses oeuvres de taille moyenne. Apparemment, il n’avait plus d’importantes commandes à honorer comme autrefois pour décorer des monatères entiers, mais plutôt de toiles pour la dévotion privée. Il les réalisa avec un style renouvelé, différent du ténébrisme de ses oeuvres de jeunesse. Dans ses oeuvres de maturité, l’ombre joue un rôle plus discret, et les couleurs sont dosées avec une meilleure maîtrise.
Jeannine Baticle, Enrique Valdivieso, et plus récemment, Alfonso Pérez Sanchez ont mis en évidence l’originalité et la force créatrice de Zurbaran dans ces peintures de la maturité, datées entre 1658/1662, et qui avaient été quelque peu dédaignées, jusque là par les critiques d’art. Le Saint François de la collection Arango (daté de 1659) en est un admirable exemple, avec une forme novatrice, plus douce et légère, qui n’a pas beaucoup à voir avec le baroque sevillan ou madrilène de l’époque. Dans cette version tardive, Saint François apparaît dans une posture plus raffinée avec des gestes élégants.

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St François en méditation - Buenos Aires (1632)
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St François en méditation - National Gallery (1639)
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St François en méditation - Pasedena (1635)
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St François en extase - National Gallery (1640-1645)
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St François en extase - Munich (1658-1660)
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St François - Madrid (1659)
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Le miracle de la Portioncule - collection particulière (1661)
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St François mort dans son tombeau - Lyon